Tatouage
Roulant dans
L.A. du nord au sud,
mon frère
et moi on se demande
comment se souvenir quand
cette lumière jaune
vous dit d’oublier
et de faire demi-tour
pour accomplir quelque chose
de différent, arrêter d’être soi et
devenir un autre.
On décide alors
de se tatouer.
Au début, c’est un petit tatouage,
il doit être discret,
du genre qu’on discerne
comme le reflet
d’une montre.
Mais bien sûr, plus
on parle plus il grossit, il
prend forme.
Il monte en rampant jusqu’aux
bras, descend le long de nos
cuisses, comme s’il
devait rester
en mouvement, gran-
dissant pour dépasser
ce qu’il remplace.
Je lui dit le cou
est intouchable. Finalement
on doit bien reconnaître
qu’il n’y a qu’une
façon d’en finir. Et si
je tatouais
son visage à elle
sur mon visage à moi,
est-ce que cela
suffirait ? On roule
en silence
pendant un kilomètre, avant
que je ne réalise
que c’est exactement
ça, un visage.
John Freeman, Vous êtes ici, Ed. Actes Sud
Bien à vous.
Géraldine Hérédia