Bonjour à toutes et tous,
Un poème de Lorand Gaspar, médecin chirurgien et poète qui disait:
« La médecine tend à prendre toute la place dans mon quotidien, elle s’insinue jusque dans le sommeil. On ne négocie pas avec l’urgence. Mais plus on est bousculé, plus il est impérieux de s’arrêter, de regarder, de s’aérer. Le temps de noter une idée, un étonnement.
Amandiers
Te faire surgir
de la provenance du bond
de l’effraction perdue du jaillir
là tu te tiens
dans les décombres du porche
fraîcheur de sève, poignée d’écume –
neige odorante dans la nuit du regard.
Que la joie est simple au bout du cheminement obscur !
Comme ces minces pellicules donnent corps à la lumière !
Regarde comme il fond ce peu
de blanc tombé au fond de l’œil !
Les amandiers dans la nuit !
ô les dents de clarté !
Pulsation sourde d’étoiles
dans l’épaisseur de la terre –
Le soleil couché dans sa barque souterraine
nos doigts aveugles cherchent des couleurs –
dans ta bouche des caillots de ténèbres
dans ton ventre ta douleur du venin
savoir de ta vie si tu peux la comprendre –
Nous sommes l’un l’autre dévêtus
de noms qui collaient à la peau
appelant sans nom le silence
qui cimente les sons de la musique –
Ô pure douleur du chant de naître
inapaisable travail sans visage
et nous-mêmes nuages et paroles
allant avec des bêtes au soir
dans les poudres de l’étendue –
Lorand Gaspar, Patmos, Ed. Poésie/Gallimard
Bien à vous.
Géraldine Hérédia