Écris en 1972 par George Open qui a navigué toute sa vie, qui construisait lui me ses bateaux, ces…
Quelques poèmes de San Francisco
Escaladant les pentes franchissant le tracé
parfait des canaux qui irriguent à profusion les montagnes le
flot des femmes et des hommes traverse sous les fils
à haute-tension les collines brunes
dans le monde multiple de l’œil
multiple de la mouche les chants qu’ils sont
venus écouter n’appartiennent à personne
Chas de l’aiguille chas de l’aiguille mais dans le ravin
sans relâche sur l’immense clou le chant heurte
et résonne
à mesure que le volume assourdissant de la musique s’empare
d’eux dissimulés derrière leurs cheveux longs on dirait
qu’ils pleurent
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Une allégorie : préface
Étendue de tout son long
Sur le lit dans la chambre blanche
Tourne à nouveau vers moi
Ses yeux
Nus…
Ne jamais oublier la nudité de ses yeux
La belle et courageuse
Nudité des ses yeux
Tournés vers l’intérieur
Lumière féminine
L’imprévisible
Lumière féminine
Féminine ardeur
Transpercée, atteinte
Bien que chacun prononce
Blottis l’un contre l’autre le mot
“Amour”
La pièce débute avec le monde
Une rue de la ville
Débouche sur la baie
Tamalpais dans les nuages
La brume sur les champs
Savoir local
Dans les collines massives
Les longues vagues nonchalantes gagnent l’intérieur des terres
Poussées par le vent
L’herbe et les arbres s’inclinent
Tout le long de la côte sous l’assaut continuel du vent
L’océan bat dans son esprit plus que
Dans le port qui rejoint à l’intérieur
Le fond de la baie et la rivière paresseuse
Rappelant la précarité des ranches de l’Ouest
Les belles collines brillent à l’extérieur
Soleil levant le feu sauvage aveuglant
jaillit au-dessus de la crête acérée
Et des empreintes de sabots à flanc de montagnes
Brille dans la chambre blanche
Ville provinciale
Insuffisamment étrangère
Pour la nudité des yeux
Cette ville mourut jeune
Vous aussi en serez témoins
Vous verrez les jeunes couples
Repartir en haillons
George Oppen, Poésie complète, Ed. José Corti, Série américaine