Amant de Flandre
Là au fond du plat pays j’ai envie de bras cette nuit
les bras de Wim ou de Mickiel les bras d’un flamand d’ici
dont je ne connais pas bien la langue
il m’apprendrait que pour dire hippopotame
on dit cheval du Nil
pour dire rhinocéros on dit nez-corne
dans ses bras je rirais d’apprendre les mots de l’amour
dans sa langue celle de ma mère
qu’elle ne m’a jamais parlé
Wim m’emmènerait faire le tour de la terre
avec ses vélos rigolos
qui racontent la Belgique
l’histoire du monde de toi de moi
parfois à deux dans la même direction parfois de dos
parfois sauter sur selle pour faire monter l’autre
le mouvement de balancier actionne le vélo
le rire de Wim gonfle la voile fantastique des bicycles
c’est l’heure entre chien et loup et sa femme est fleuriste
je les trouve beaux comme dieux du plat pays
ils partent manger des brochettes au village à côté
avec leurs deux chiens loups au coffre de leur voiture
Allez Wim emmène-moi
tes lèvres mangent le ciel des Flandres
ta langue défie la tempête
un coup de vent noircit les arbres
le long de ton canal
j’ai le cœur triste mon dieu
oh mon dieu triste
les mouettes se rient de moi
Allez prends-moi dans tes bras
ancre-moi au plat de ton pays
tu ne comprendras pas
les nuances de ma tristesse
ça nous fera tellement rire
s’il te plaît Wim au ciel des Flandres
emmène-moi
Laurence Vielle, Ouf, Ed. MaelstrOm reEvolution