Algérie Ferries
Il arrive comme quelqu’un qui marchait tout doucement derrière toi.
Silencieux. Il glisse, apparaît et disparaît tranquillement
sur la mer et entre les toits,
immeuble parmi les immeubles.
Dans l’étroite bande d’eau du port, il effectue une délicate marche arrière
avant de s’immobiliser.
Dans la même journée,
il recommence à bouger.
Si imperceptiblement
qu’on croit d’abord à une confusion due
aux tremblements de la chaleur,
il se dégage de son étroite place de parking.
Sans hâte, il émerge,
lent, distingué, expérimenté,
comme un astre blanc et bleu
il opère une révolution complète sur lui même
géant, il tourne avec précision dans le port exigu,
et, la virtuose manœuvre effectuée,
habile et blasé
comme un chauffeur de bus qui conduit d’une seule main dans
une ruelle tout empêtrée
en jetant par la fenêtre son mégot après en avoir tiré la dernière bouffée,
il reprend sa route,
sa ligne,
silencieusement, humblement,
comme quelqu’un que tu n’attendais pas mais qui marchait
derrière toi,
il se remet à glisser.
Nathalie Bontemps, illustrations Benoît Guillaume, Ed. Le port a jauni
Portez-vous bien!
Bien à vous toutes et tous.
Géraldine Hérédia